Le Monde d'après...

Comment réduire l’impact carbone de notre alimentation ?

By 5 janvier 2022No Comments
Temps de lecture : 6 min.

A l’heure où l’alimentation représente le ¼ de l’empreinte carbone des ménages français, le gaspillage alimentaire est pointé du doigt. Il s’agit de la pollution alimentaire qui provient de la production, du transport et de la transformation des produits alimentaires. La constatation fait froid dans le dos dans la mesure où l’émission de gaz à effet de serre est la principale cause du dérèglement climatique actuel. Comment faire pour y remédier ? Qu’entend-on par une empreinte carbone ? Comment la calcule-t-on ? Que faire pour que notre alimentation soit la moins polluante possible ? Répondons une à une à ces questions pour essayer de résoudre le problème ou prendre les mesures adéquates. 

Qu’est-ce que l’empreinte carbone ?

L’empreinte carbone est une mesure qui définit la quantité d’émission de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. On parle de l’émission de gaz à effet de serre par personne, par pays, par entreprise ou par activité. Dès que cette dernière implique en effet une consommation, elle répand une certaine quantité de dioxyde de carbone dans l’air. C’est le cas avec le transport, le logement, la nourriture, les achats, la navigation sur Internet, etc.

Grâce à l’empreinte carbone, on arrive à faire la différence entre les modes de vie des différents pays et régions. Le but est d’évaluer leur impact écologique respectif pour mieux conscientiser leur population sur les conséquences dramatiques environnementales. 

Les différents gaz à effet de serre et leurs origines 

Le dioxyde de carbone n’est cependant pas le seul gaz à effet de serre concerné par l’empreinte carbone. Il en existe d’autres comme le méthane, l’hydrofluorocarbure, le Protoxyde d’Azote, le perfluorocarbure et l’hexafluorure de soufre. Ils viennent principalement de la combustion des énergies fossiles, de la déforestation, de l’agriculture et de l’élevage intensifs. En sont aussi à l’origine l’élevage de bovins et de ruminants, les exploitations minières et pétrolières et les décharges d’ordures. Il en est de même pour l’industrie du froid, l’industrie de l’automobile, la fabrication des extincteurs et l’industrie pharmaceutique. 

L’empreinte carbone dans l’alimentation 

L’élevage de bovins et de ruminants, l’agriculture et l’élevage intensifs font ainsi partie des principales origines de l’émission de gaz à effet de serre. Dans l’alimentation, cette empreinte carbone est indiquée en grammes de CO2émis par 100 g d’un produit alimentaire. 45 g de CO2/100 g signifie que 45 g de gaz carbonique a été rejeté dans l’atmosphère pour la production de 100 g de l’aliment concerné. 

Un Eco-Score de A+ à E indique ensuite l’impact carbone de ce produit suivant les aliments consommés habituellement par une personne. Il s’agit de l’ancienne note carbone qui classe les produits en 5 catégories A, B, C, D, E, partant du plus faible impact à celui le plus élevé. 

Comment se calcule l’empreinte carbone ? 

L’empreinte carbone d’un produit alimentaire est obtenue par la somme des émissions de gaz à effets de serre générés par : 

  • sa production, 
  • sa transformation, 
  • son stockage, 
  • le transport de ses différents composants, etc. 

S’y ajoutent les émissions des gaz à effets de serre produites par la fabrication de son emballage. 

Le bilan carbone le plus élevé est celui de la viande à cause de la quantité de méthane produit pas les animaux. S’y ajoutent l’épandage avec des engrais azotés et l’émission de CO2 généré par leur transport. 

Vient ensuite l’empreinte carbone des fruits et légumes dont près de la moitié viennent de l’étranger. Leur acheminement vers l’Hexagone totalise près du 1/3 des émissions de gaz à effets de serre sur les routes françaises. 

L’empreinte carbone générée par la production 

La production est l’étape qui émet le plus de gaz à effet de serre dans le secteur de l’agroalimentaire. C’est ce qu’ont prouvé les données de « sortie de ferme » sur les céréales, les fruits, les légumes, la viande et le lait. Les informations de « sortie d’usine » relatives aux produits alimentaires transformés l’attestent aussi. 

L’empreinte carbone générée par le transport des produits 

Le transport des produits par camion classique, camion réfrigéré, bateau et avion génère également des émissions de gaz carbonique. L’empreinte carbone y est calculée suivant la distance parcourue par chacun des ingrédients d’un produit alimentaire fini. 

L’empreinte carbone issue du stockage

Le mode de stockage adapté à chaque produit définit la quantité de gaz à effet de serre émis pendant cette étape. Ce stockage peut être fait à sec, réfrigéré ou surgelé suivant le type de produit. Cette quantité dépend aussi de la durée de stockage moyenne de ses différents composants. 

L’empreinte carbone produite par l’emballage 

On parle ici de l’empreinte carbone produite par la fabrication du packaging des produits finis. Tant son poids que sa nature sont considérés dans le calcul, le bilan carbone diffère d’un matériau à un autre. 

Les produits alimentaires avec la plus faible empreinte carbone comme les légumes en vrac se dotent ainsi de l’Eco-Score A+. Dans le sens contraire, ceux avec une empreinte carbone très élevée comme la viande rouge obtiennent l’Eco-Score E. 

Comment faire pour une alimentation moins polluante ?

Des efforts doivent ainsi être faits dans le secteur de l’agroalimentaire pour réduire son émission de gaz à effet de serre ou GES. Pour cause, à l’instar des autres secteurs comme l’industrie de l’automobile, il est à l’origine d’une grande quantité de gaz à effet de serre émis dans l’atmosphère.

Il existe cependant des différences entre les aliments, la viande rouge étant la plus émettrice de GES entre tous. On pointe surtout du doigt la production de viande de bœuf qui génère 60 kg de GES pour 1 kg. La viande de mouton en émet moins avec 24 kg de GES/kg de viande, de même pour la volaille avec 6 kg de GES/1 kg de viande. La viande de porc, lui, ne génère que 7 kg de GES/kg. Dans ces calculs, on a pris en compte l’utilisation du sol, la production, la nourriture des animaux, la transformation, l’emballage, le transport et la distribution. 

Aussi, il vaut mieux privilégier les aliments d’origine végétale si on souhaite réduire l’empreinte carbone relative à l’alimentation. Pour cause, les étapes par lesquelles ils sont passés jusqu’à leur arrivée sur les assiettes ne génèrent pas beaucoup de GES. C’est le cas même s’ils viennent de loin, et non du territoire français. 

D’ailleurs, même pour la viande de bœuf, la part d’émission généré par son transport ne constitue que 0, 5 % de la totalité de son empreinte carbone. Qu’elle provienne de la France ou d’autres pays lointains, la viande de bœuf émet toujours une grande quantité de GES lors de sa production. 

Quoi de mieux ainsi que des fruits et légumes ou tout ce qui provient de l’agriculture pour se nourrir ? Tout en préservant la santé, leur consommation permet de diminuer de manière drastique l’empreinte carbone de l’alimentation. Les bénéfices en tirés sont d’autant plus importants s’ils proviennent du territoire français et n’ont pas été transportés sur de longues distances. 

Lutter contre le gaspillage alimentaire est un autre moyen de réduire la pollution alimentaire. En effet, il est le responsable des 8 % des émissions de GES dans le monde. Les ménages n’en sont uniquement pas les responsables, l’ensemble des étapes, de la production à la distribution a aussi sa part de responsabilité. 

En agriculture décarbonée ?

Aussi, il serait peut-être temps de revoir le modèle industriel de la production alimentaire actuel si on souhaite le rendre moins polluant. 

Diminuer la production et la consommation de viande, surtout rouge

Comme dit plus haut, il faut diminuer la production et la consommation de la viande pour y arriver. Cette mesure concerne surtout les viandes qui proviennent des grandes exploitations spécialisées et qui se trouvent loin du consommateur. Il vaut donc mieux privilégier la production locale, à condition qu’elle utilise un mode de production plus respectueux de l’environnement, et du bien-être de l’animal. Les entreprises doivent être diversifiées et être à dimension humaine pour cela. 

Réduire le gaspillage alimentaire 

Des mesures doivent aussi être mises en place pour gérer le gaspillage alimentaire issu des étapes de la production à la distribution des produits alimentaires. En effet, 1/3 des produits alimentaires mondiaux ne sont jamais consommés, ce chiffre atteignant les 58 % au Canada. En réduisant le gaspillage alimentaire, on arrive à diminuer la pollution alimentaire, mais aussi les inégalités sociales, ce, à moindre coût. Une loi régit déjà la gestion des invendus dans les grandes surfaces en France. Ceux-ci sont envoyés dans les banques alimentaires ou transformés en d’autres produits dédiés à d’autres usages. Les autres pays doivent suivre son exemple. 

Opter pour un modèle d’agriculture écologique 

L’alternative la plus sûre consiste à abandonner le modèle industriel traditionnel de l’agroalimentaire actuel au profit d’un modèle plus économique. Non seulement, celui-ci est vorace en énergie, mais il dépend aussi de nombreux intrants chimiques. Il convient ainsi de se tourner vers les méthodes de l’agriculture bio et régénérative telle que :

  • l’agroforesterie,
  • la permaculture, 
  • les semis direct, 
  • les sylvo-pâturage, 
  • les cultures de couverture, 
  • les rotations de cultures diversifiées, etc. 

Elles répondent toutes aux objectifs de l’agriculture durable qui allient la rentabilité, les objectifs environnementaux et les rendements de qualité des produits recherchés.